Assise sur le canapé se trouvant dans le salon, une tasse de café noire entre les mains, j’écoutais les bruits provenant du couloir et observant le soleil se lever depuis la fenêtre qui se trouvait non loin de moi. Dans environ deux heures, j’allais prendre mon service à la réception et celui-ci durerait toute la journée. Etre en contact avec les habitués de l’hôtel et les vacanciers qui venaient pour la première fois me faisait réellement du bien et cela me permettait surtout d’oublier le gros mensonge que je transportait depuis maintenant huit mois. Un léger soupir s’échappa d’entre mes lèvres et mon regard plongea dans le liquide noir encore fumant. Je savais que mon mensonge allait être découvert un jour où l’autre et que le mieux serait de tout lui avouer maintenant, mais je n’y arrivais pas. J’avais bien trop peur de sa réaction et surtout j’avais peur de le voir sortir de ma vie. Je tenais réellement à lui et j’étais capable de faire n’importe quoi pour le voir rester auprès de moi. En entendant un bruit sourd venir du couloir, l’envie de me lever et de sortir de la chambre pour voir ce que venais de faire tomber la femme de chambre me pris, mais au dernier moment je me ravisai. Ce n’était pas le moment que le restant du personnel me prenne pour une de ses femmes qui surveille tout et qui va ensuite répandre des rumeurs. Il y en avait bien assez au sein de l’établissement. Prenant la télécommande, j’allumais le poste de télévision et mis une chaîne totalement au hasard. Je n’avais pas envie de regarder, c’était juste pour combler le silence de la pièce et enlever les bruits extérieur qui me donnait une folle envie d’être curieuse. Voyant l’heure affichée sur un coin de la télévision, je me levais lentement et déposai ma tasse sur la table basse avant de me diriger vers la chambre à coucher où Artémis dormait encore comme un bébé. Je m’arrêtais quelques instants sur le palier et l’observait dormir avant de finalement me rendre près de lit et de m’asseoir au bord. Je me penchais tranquillement au dessus de lui et déposait un petit baiser sur sa joue.

« Debout petit flemmard, il est l’heure de te lever »

J’avais hésité pendant de longue secondes avant de finalement me décider à aller réveiller la marmotte qui dormait dans la pièce voisine. Enfin, marmotte était un bien grand mot, vu qu’Artémis faisait des heures supplémentaires au bar et donc finissait tard dans la nuit. Debout sur le pas de la porte, je l’observais dormir, ayant presque honte d’aller le tirer du monde des rêves. Mais au fond je n’avais pas vraiment le choix, vu qu’il prenait son service en même temps que moi. Me mordant quelques secondes la lèvre, j’entrais finalement dans la pièce encore à moitié plongé dans le noir et m’assis au bord de lit. Mes lèvres se déposèrent sur sa joue et il ne fallut que quelques secondes pour le voir réagir et donc sortir du sommeil. Comme à chaque fois que je le réveillais, il ne fallut pas longtemps pour que le duvet le recouvre entièrement. Il avait toujours détesté devoir se réveiller et moi juste pour l’embêter et surtout le forcer à sortir du lit, je tirais sur le duvet pour que celui-ci se retrouve sur le sol de la chambre. Etonnement, je ne fis rien, ne faisant que le fixer, me demandant en même temps pendant combien de temps son apnée allait durer, car respirer sous des draps n’était pas facile. Moins d’une minute plus tard, le visage tout endormi d’Artémis fit son apparition et un grand sourire apparu en même temps sur mes lèvres. Mes yeux se fermèrent quand il déposa ses lèvres sur mon front.

« Je vais bien. Et toi, pas trop fatigué de ta courte nuit ? »

Tout en continuant de l’observer, j’espérais que ses heures supplémentaires allaient bientôt finir, car j’étais quasiment certaine qu’il n’allait pas tenir longtemps à un tel rythme. Me blottissant au creux de ses bras, l’envie de rester toute la journée dans le lit en sa compagnie me pris, mais malheureusement aucun des deux ne pouvaient se permettre de ne pas aller travailler durant une journée. Levant légèrement la tête, je plongeais une secondes fois mon regard dans le sien et garda quelques secondes le silence avant de décider de prendre la parole.

« J’espère que le directeur décidera rapidement de t’enlever tes heures supplémentaires. On ne se voit quasiment plus… »

Mon oreille contre son torse et les yeux fermés, j’avais de la peine à croire que tout ce que j’étais en train de vivre depuis huit mois était réellement réel. J’avais l’impression de vivre dans un rêve ou dans un conte de fée qui ne prenait jamais fin. J’avais réellement tout pour être heureuse et pourtant une ombre planait en moi et au dessus de ma tête. Cette ombre, j’avais peur qu’Artémis la découvre et veuille en comprendre le sens. Je savais pourtant qu’il était censé tout savoir, qu’un couple n’avait quasiment jamais de secret l’un pour l’autre, pourtant celui-ci, je n’arrivais pas à le lui avouer. Ce n’était pas faut d’avoir essayé, mais à chaque fois quelque chose d’autre sortait, laissant les mots en travers de ma gorge. Lentement, je rouvrais les yeux et relevais la tête pour l’observer. Arrêter le temps était mon plus grand souhait, car il n’y avait que dans ses bras que j’étais bien et que j’arrivais à tout oublier. En écoutant sa première remarque, un sourire apparu sur mon visage et l’envie d’éclater de rire me pris. Je le comprenais tout à fait et je n’arrêtais pas de me demander comment il arrivait à tenir le coup, car personnellement j’aurais craqué depuis bien longtemps.

« J’arrive très bien à t’imaginer dormir toute la journée, tel un ours durant l’hiver, se réveillant simplement pour manger et aller aux toilettes »

Me relevant très légèrement, je déposais un baiser sur son menton pour ensuite reprendre ma position initiale. Si j’en avais eu le courage, j’aurais pris le téléphone et aurait appelé mon patron pour nous faire porter malade. Après tout c’était quasiment normal qu’un couple tombe malade en même temps, vu qu’ils se côtoient tout le temps. J’avais ensuite formulé le souhait que ces heures supplémentaires soient bientôt terminés, car le fait de ne plus le voir autant qu’avant ne me convenait pas. J’étais totalement accro à Artémis et je ne le cachais pas. Après tout, si je ne l’étais pas, je ne serais pas réellement amoureuse de lui. Refermant les yeux, je priais pour que le temps s’arrête juste quelques secondes pour pouvoir profiter pleinement de ce moment. En entendant sa remarque, je rouvris les yeux et laissa cette fois-ci mon rire envahir la pièce. Je me relevais légèrement et déposa le bout d’un de mes doigts sur son torse.

« Sur moi, ton sourire fonctionnera toujours… Mais tu oublies qu’il fonctionne également sur les clientes qui viennent commander juste pour pouvoir t’approcher et essayer d’avoir ton numéro. »