Grayson était en train de devenir dingue. Voilà une semaine qu'il était rentré et son appartement - d'ordinaire si propre - ressemblait à un chantier de guerre. Il négligeait tout et ne s'occupait de rien, il n'avait aucune motivation. C'est à se demander pourquoi il est revenu. Ce qui le rendait dingue, la catastrophe, c'était de ne plus mettre la main sur son paquet de clope. Grayson avait beau retourné tout sur son passage, fouillé sous chaque affaire, rien. Son tas de cigarette s'était volatilisé et il en avait pourtant besoin, un besoin urgent de se faire plaisir et de décompresser « Il est où ce putain de paquet ? » cria-t-il contre lui-même. Il était fatigué de toujours chercher, chercher ses cigarettes, chercher ce qu'il est, cherche la raison du pourquoi et comment ; il ne trouvait jamais de solutions. Alors, il allait faire comme à son habitude : arrêter de s'embêter et de choisir la chemin de la facilité. Grayson pris de l'argent qui traînait dans son bordel et enfila une paire de chaussure. Il sorti de son appartement sans prendre la peine de le fermer, qui voudrait cambrioler un pauvre déchet comme lui ? Tout ce qui se trouve dans cet appartement est sans valeur, tout ou presque - les souvenirs sont la seule chose auquel il tient dans ce foutoir.

Il s'appuya contre sa porte d'entrée pour comptabiliser son argent : assez. Il releva alors son visage, prêt à s'avancer dans le couloir pour rejoindre les escaliers. Son regard croisa aussitôt celui de Chrissie, Chrissie la soeur de Sofiàna. Boum. Ce fut un choc. Un énorme choc. Que faisait-elle ici, pourquoi maintenant ? Il était revenu en se disant que c'était bon, il assumerait son acte. Tu parles, il n'avait qu'une envie : repartir le plus loin possible. N'importe quel homme verrait sa fierté s’enfoncer à six-miles lieux sous terre dans ce genre de situation ; il avait le coeur qui battait à la chamade. Il avait envie de s'expliquer, de tout dire, d'exprimer sa peur et son amour envers Sofiàna. Tout dire. Mais rien ne sortait, il restait immobile tout comme elle incapable du moindre geste. C'est au bout d'un long instant de vide que le jeune homme repris ses esprits et marcha jusqu'à dépasser Chrissie ; il s'arrangera pour ne pas croiser son regard. Quel lâche ! Il se trouvait ridicule et ne faisait rien pour arranger les choses. Grayson ne marcha que quelques mètres avant de s'arrêter et de se tourner de nouveau vers Chrissie. Il avait envie qu'elle le rassure, mais il ne le méritais pas. Il méritais seulement qu'elle vienne lui foutre une bonne claque qui le réveillera peut-être, enfin.

Lui-même ne comprenait pas pourquoi il était passé auprès de Chrissie sans s'arrêter, ce geste ne faisait qu'accentuer sa lâcheté. C'est dans ce genre de situation que Grayson a honte d'être ce qu'il est. Un homme stupide qui ne prend pas assez le temps de réfléchir avant d'agir. Lui, il lui fallait plus que de tourner cinq fois sa langue dans sa bouche. Grasyon se retourna, Chrisse en fit de même. Se retrouver là, en tête à tête avec la soeur de Sofiàna, face à une personne qui compte beaucoup pour lui malgré la rancoeur qu'elle doit ressentir à son égard : il avait abandonné sa petite soeur, Grayson sait à quel point les deux soeurs sont très proches et complices. Elle s'approchait de lui et il enfonçait ses doigts au fond de ses poches. Il cherchait à se cacher et masquer sa gêne, pensant que ça l'aiderait à oublier son erreur ; ce n'était malheureusement pas possible. Entendre la voix triste de Chrissie le fit reculer d'un pas .. Elle avait raison d'avoir pris une bonne distance, il sentait que son corps était près à partir le plus loin possible. Ses jambes bouillonnaient, elles n'attendaient que le top départ de Grayson. Mais son coeur n'était pas d'accord, il voulait prendre et serrer Chrissie dans ses bras et lui dire à quel point il était désolé d'avoir tout gâché avec Sofiàna, avec sa petite soeur. Tout ce qui sorti de sa bouche, fut un simple murmure dans lequel se lisait son sentiment de mal être « Chrissie .. »

Grayson releva son visage, prêt à s'approcher à nouveau de Chrissie. Ce qu'il fit avec une démarche très lente, il marcha jusqu'à se retrouver très près de Chrissie. Il savait qu'il n'avait pas le droit mais, il glissa tout de même ses bras autour de son corps afin de la prendre contre son corps. Grayson avait besoin de se sentir en quelque sorte ' chez lui ', dans les bras d'une personne proche qui pourra lui dire qu'il peut arrêter de s'inquiéter. Il avait besoin d'entendre qu'il est con mais que Sofiàna lui pardonnera, puisqu'elle est bien plus intelligente que lui. Le jeune homme déposa son menton contre le front de Chrissie. Il se doutait qu'elle allait finir par le repousser c'est pourquoi il profitait de l'avoir contre lui, mesurant la chance qu'il avait qu'elle lui accorde ces quelques secondes de tendresse. « Excuse-moi, Chrissie. » Doucement, il la repoussa et remit une bonne distance entre eux. Il s'avançait déjà vers la porte menant aux escaliers ; comme à son habitude, il allait faire comme ci de rien n'était et tenter de s'évader. Il ne pourrait pas supporter les reproches de Chrissie, il allait pourtant devoir les affronter un jour ou l'autre .. Non ?